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ANNALES °° DE FLORE ET DE POMONE, JOURNAL DES JARDINS ET DES CHAMPS.
. Par MM: Cers, Darsrer, Doverce, Duvaz, Filnierte, Jacques, Jacquin AiNÉ, Jacquin sEuXE, E. Martin, Neumann, Louis Noiserre, Périx, Porornx ET Uriner.
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1832-1835.
Paris,
ROUSSELON, LIBRAIRE-ÉDITEUR,
RUE D'ANJOU-DAUPHINE, N° S.
1833.
A
BRRALES
DE FLORE ET DE POMONE.
INTRODUCTION.
Ex débutant dans la carrière , nous croyons devoir expliquer à à nos lecteurs Je plan que nous nous sommes , , dès les premiers pas, ils ssl apprécier l'utilité de notre journal.
L'importance de l’agriculture est généralement reconnue, ainsi que les avantages de la publicité don- née à ses travaux. C'est en effet cette dernière qui encourage les entreprises agricoles, qu'elle éclaire du flambeau de l'expérience, et peut seule ouvrir la voie des progrès auxquels il est impossible d’assi- gner un. terme, parce qu'il n’y en a point à la per- fectibilité.
Rien d’ailleurs ne reste stationnaire ; la nature elle-même n’est pas immuable dans ses effets, quoi- quelle Se montre telle dans es lois. La France, par exemple, éprouve depuis un certain nombre d'an- nées des vicissitudes dans l’ordre des saisons, æt une inégalité remarquable de la température ; Se des phénomènes ont lieu sur quelques parties ee" sol, et cette espèce de désordre peut amener, dans les procédés agricoles ; “des modifications importantes.
Mais sans prévoir de variations dans l'ordre naturel, 1l est un ennemi de tout succès en agri
OCTOBRE 1832. 1
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ture contre lequel on ne saurait employer trop de moyens. En effet, la routine, qui a si long-temps servi de base à toutes les pratiques de la culture, exerce encore un empire absolu ; que d'années il faut pour extirper tous les préjugés dans ce genre, et voir le sol de chaque département cultivé de la meilleure manière possible, sous le rapport de ses intérêts particuliers, comme sous celui de son con- cours efficace au bien général du royaume !
Au reste , il ne faut pas s'étonner qu’il y ait encore tant à fine en agriculture, La civilisation seule préparé les-progrès de toutes les sciences, et l'on sait que sa marche fut'très-lente et souvent rétro- grade avant l'invention de l'imprimerie: Jasque-là que de temps il fallait avant qu une pratique utile, en usage dans une contrée, pénétrât dans une RUE, alors que les hommes vivaient sans et que l'ignorance , le plus absolu des despotes s'opposait à toute innovation !
Jusqu'au 0° siècle l’agriculture existe inaper- cue. Ce sont plutôt des jardins que l’on cultive au- tour des chaumières pour les besoins de la famille ; lesoë de la charrue n’a presque point encore tracé de Sillons sur ce sol couvert de forêts drui- diqués.
D'abord consacrés à la culture des plantes ali- mentaires, les jardins furent lebérceau de l’agricul-
ture dont ils sont aujourd’hui l'école. Mais “quelle |
différence entre le petit nombre de végétaux dont
leur ddmaine se composait alors, et qu’onfpèut
porter à Ggienviron selon les capitulaires deCharle- magne, et. les richesses immenses q@ils offrent aujourd’hui , qe x6,000 er de toutes les
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parties du globe concourent à la fois à leur utilité et à leur décoration. Toutefois neuf siècles marquent l'intervalle de une à l'autre époque: IL est bien vrai que les premiers végétaux exotiques introduits en France le furent à la suite des eroisades; mais dans ce temps de dévotion, les monastères seuls profitaient de ces brillantes découvertes auxquelles les laïques ne participaient qu'après bien des années écoulées. 201
À peime jusqu'au 16° siècle les rois daignèrent-1ls jeter sur l’agriculture un regard de bienveillance. Henri IV fut-le:premier qui fit quelques réglemens en sa faveur. Il voulait réellement le bonheur de son pays, et secondé par l'austère Sully, digne ministre d'un tel prince, il avait compris la vérité de sa maxime, labourage et päturage sont les deux ma- melles de l’État, ‘et il accorda aux agriculteurs une protection eflicace. C’est un peu avant son règne que Bernard de nas LS Thowme de la nature, donnait les premiers él , tandis que: Pierre Belon, professeur « d'histoire naturelle, en faisait des applications à l'art de cultiver, Ensuite parut lou ere Re de Serres, qu'on nômme, à juste. ti- tre, che de.
ure,
- n_c ependant les végétaux d'ornement
furent recherchés et cultivés avec plus de soins. Les
Jatic lesa peuples, devenant plus fréquen- tes ,augmentèrent | le nombre des plantes exotiques.
Mais gl d'pour les soustraire aux r1-
gueurs denos hivers, quiles tuaientaussitôt qu'elles yétaent soumises. Enfin la premièreserre 25 4 connue.fut construite à Pise par Ferdinand Fr, et
-dès-lors le jardinage prit une nouvelle extensions
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Ayant ainsi un moyen de conservation, le goût de la botanique se forma , et l’on créa des jardins des- tinés à l'étude et à la réunion de tous les végétaux. En 1591, fut institué à Paris le jardin botanique de l'école de médecine, et en 1598 celui de Montpel- lier. Enfin, en 1626, Louis XII fit établir le jardin botanique du roi, aujourd'hui muséum d'histoire naturelle.
Toutefois la bienveillance qu'Henri IV avait té- moignée aux agriculteurs n'eut pas des résultats durables, et la science des champs retomba bientôt dans l'oubli et le dédain. il ET au grand _ de Louis XIV _ ir un. ment
les bois et forêts fut assez habilémnent. concué pour que quelques-unes de ses dispositions trouvassent leur place dans une loi rendue depuis la révolution de juillet. Malheureusement toutes les branches de l'agriculture ne recurent pas des réglemens pareils , ct bientôt même elle eut à souffrir d'assez graves vexations, qui résultèrent des dépenses énormes que fit Colbert pour créer et soutenir diverses industries auxquelles elle fut sacrifiée.
Vers le commencement du 18° siècle le goût du jardinage devint plus vif, et il se forma quelques établissemens de jardiniers-fleuristes qui au com- merce des plantes indigènes joignirent bientôt celui des végétaux étrangers.
Enfin, ; jusqu'en 1750 , les agriculteurs, toujours traités Comme vilainset gens corvéables, marehèrent conduits" p une routine aveugle. Le dédain que la royauté leur portait, était partagé par la cour et la ville ; et la puissance des p préjugés est telle, qu’en-
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core de nos jours l'agriculture ne jouit pas de tous les honneurs qu’elle mérite cependant de préférence à toute autre industrie.
Lesanciens h bien diffé tque nous l'art du cultivateur. Aux personnes qui affectent de n'en parler que dédaigneusement, et qui pourtant ne peuvent ouvrir les yeux sans apercevoir un produit de la culture, nous pouvons montrer les Chinois lui consacrant une fête solennelle, et, à chaque anni- versaire, leur sôuverain traçant lui-même un sillon. Les Romains nous ont laissé plusieurs traités sur la culture des térres et létonomie rurale; leur poëte immortel en a'fait le sujet de ses vers ; joe ‘s de la prise de Carthage , le seul ouvrage qu'ils se réservèrent de la bibliothèque de cette ville fameuse, fut les vingt- huit livres de Magon sur l'agriculture, qu'ils firent traduire et publier. Chez eux, un champ laissé en friche appartenait à celui qui le défrichait, et les esclaves, les bœufs, les instrümens aratoirés, ne pouvaient devenir la proie d’avides créanciers. A Athènes, le bœuf laboureur était respecté, et défense expresse existait de le livrer en sacrifice; Chez les Égyptiens, il était dieu.
: Mais à quoi bon invoquer tant œ exemples anciens; les services que nous rend journellement Page. ture sont des titres bien autrement précieux et irré- cusables que tout ee qu'on pourrait emprüntér : à l'histoire. Quel aliment ne fournit - elle pas ; Si l'on excepte le gibier et le poisson? Sans elle , é6nime les premiers hommes, nous n'aurions p nous Cou- viir que les peaux des ‘bêtes sauvages ; ; l'industrie lui doit tous ses matériaux; la toison de nôs mou- fons, comme le fil léger de l'insecte que nourrit
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le müûrier introduit par Olivier de Serres, se dispu- tent l'honneur de nous vêtir avec le lin, le chanvre et l'écorce de quelques végétaux élégamment tissue, tandis que le pastel, la garance et toutes les plantes tinctoriales , apportent pour tribut leur matière colorante, Sans elle, point d'habitation , point de meubles si favorables aux aises de la vie, point de marine pour nous mettre en communication avec les autres continens. Et vous, gens du monde, dont l'existence s'écoule plus la nuit que le jour, qui vous offre les moyens de suppléer à la lumière ; S1.ce. nest. La guliure des Apantds oléagi- PM à 2 tio ble, fixée , autour des demeures rurales, pa parles trésors de. fleurs que l'horticulture y rassemble 1 faut bien l'avouer, l'ingratitude est toujours en raison du service rendu ; car le luxe, qui doit à l’agriculture ses plus vives jouissances , est celui qui la dédaigne davantage. Nous avons_dit que vers la moitié du 18° siècle il se fit dans les choses rurales une révolution remar- quable. Elle fut l'ouvrage des économistes. A leur tête on place l'abbé Quesnay, dont madame de Pompadour, qui donnait alors le ton, se plaisait à ublier les maximes. Parmi elles nous citerons avec plaisir celle-ci x». Les fortunes pécuniaires sont des fortunes .clandestines qui ne reconnaissent ni roi ni patrie. En butte d'abord à toutes sortes d'intrigues, les économistes eurent peine à se maintenir contre le ridicule que de toutes parts on s’efforcait de dé- verser Sur leurs trayaux. Cependant ce qu'ils. A clamaent était simple et facile à comprefe-.En voici l'analyse sommaire : : Tout sort me la terre, productive des biens qui
seuls peuvent devenir richesses par leur échange entre les hommes;
Cet échange continuel entre la consommation et la production, est le lien général de toute société, attendu que toutes les branches d'industrie et tous les genres de travaux arrivent directement ou in- directement à ce centre commun de tous les biens;
Enfin le commerce, étant l'agent de ces échanges, doit jouir d’une liberté absolue.
Telles sont les vérités qu'il y avait de la hardiesse à publier en 1750, puisqu'elles ont, plus tard, valu à leur auteur de reproche d’avoir préparé la révo- lution, tandis qu aujourd bui elles sont générale- ment admises et méritent de recevoir tous les déve- loppemens qui en sont la conséquence.
Enfin, à force d'entendre disputer lés économistes et leurs adversaires, on s’habitua peu à peu à re- garder l'agriculture comme moins indigne; et, après qu'elle eut émoussé tous les traits de la satire, elle vit augmenter le nombre de ses partisans. Ce fut même en 1751 que parut le premier ouvrage pério- dique qui, sous le titre de Journal économique G), ait traité des choses rurales. Enfin Pétablissement des soci iétés d'agriculture, dont les travaux, quoique peu is dans le principe » N'inspirèrent pas moins une certaine émulation, vint mettre cette science sur Ja route des progrès.
«Nous venons de démontrer que te comme science St à V'avait- Lee en France
{1} Nous nous Hédposèns s dé dünnérz déns le tours dé cette année, une notice bibliographique sur tous les journaux qui otit paru sur l'agriculture ; ou qui paraissent encore sur le même-snjet.…
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une existence antérieure à 1750; il n'y a donc plus à s'étonner qu'il reste tant à désirer encore, surtout si l’on tient compte des années malheureuses qui se sont écoulées depuis lors, et qui ne permettaient pas à l'agriculture de faire de grands progrès.
L’agronomie est la science qui s'occupe de la re- cherche des meilleurs moyens de cultiver le sol. Celui-ci prend des dénominations particulières sui- vant l'espèce de cultures à laquelle il est consacré.
Ainsi on le divise en terres arables, en prairies ) en bois et foréts, en vignobles , en vergers, ce qui constitué l'agriculture proprement dite; et en jar- dins, branche à laquelle, depuis quelques ahnéin on a donné le nom d’horticulturé:
Un coup d'œil jeté rapidement sur ces diverses parties convaincra facilement nos lecteurs qu il rêste encore une foule de questions indécises, et dont la solution ferait faire un pas immense à la théorie comme à la pratique.
Commencons par l'agriculture.
Terres arables. Partout on laboure, et dans chaque canton on regarde comme préférable la pratique qui y est suivie. Comme il n’y a point de mode qui puisse s'appliquer, en général, à tous les sols, à tous les climats; à toutes les expositions, à toutes les semences , observe-t-on les modifications que ce travail essentiel doit subir suivant les localités , les saisons et les récoltes qu'on veut obtenir? Par- tout mploie-t-on les inst aratoires les mieux appropriés selon les circonstances ?
Les ustensiles usités en agriculture, déjà très- nombreux, ne remplissent pas tous les fonctions qui leur sont assignées, et sont loin d'être ce qu'ils
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se doivent, c’est-à-dire indispensables et d'un usage commode et facile. N'y a-t-il pas lieu à en réformer quelques-uns? et est-il avantageux de les multi- plier ? ou plutôt n’y a-t-il pas abus dans leur grand nombre:
Partout on sème ; mais est-on d'accord sur le choïx des semences, sur la nécessité ou l’inutilité de les renouveler, sur la quantité convenable au semis d'une surface donnée, sur les préparations qui accélèrent le développement du germe, et sur les meilleurs moyens de conserver les fruits de la terre ?
Pendant la croissance des végétaux, y a-t-il quel- ques procédés qui puissent en assurer la récolte ?
Les assolemens, source de tant de discussions, sont loin d’être ce qu'ils pourraient , c’est-à-dire qu'on n'est pas parvenu encore, dans chaque localité, à résoudre la question d'obtenir d’une surface de terre donnée, par un cours de récoltes appropriées, pen- dant une série d'années, le plus de produits utiles, avec le moins de frais et de risques.
Les amendemens sont-ils généralement connus ? et, partout où ils sont pole en fait-on l'usage esenxble
Y at-il des sols sétiiilément stériles? et sil n’y en a pas, quels sont les moyens de rendre produc- ts 1 tant + Tes incultes qui existent encore dans notre pays ?
Prairies. Cette branche importante de l'agricul- ture n’est pas celle qui présente le moins de faits à constater. Les prairies naturelles sont-clles une nécessité à cause du pâturage vif qu'elles peuvent offrir ? est-il possible de les remplacer avantageu- sement par les prairies artificielles? enfin leur
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conservation est-elle un reste de routine, ou une condition préférable dans les cantons où elles sont maintenues ? Les végétaux servant à l'établissement des prairies artificielles , sont loin aussi d’être sufi- samment étudiés , et une foule d'observations utiles sont nécessaires à cet égard.
Les irrigations ne présentent pas moins de ques- tions importantes.
Pois et forêts. Nous avons à demander d'abord si la législation qui régit cette branche essentielle est le plus favorable à son bien-être et à l'intérêt public; siles dÉfrichemans sont ut piles ou hécessaires ; si l’on
st d ur le mei 1a£ t, et enfin
s'iln'est + Ve “Savimil forestières, pe des prañds végétaux natu- ralisés par l'horticulture, et dont le succès est dé- montré. On n’est pas d'accord sur les avantages qui peuvent résulter des pépinières ; n’est-1l pas intéres- sant que ce point ne reste pas indécis ?
Vignobles. A égard des vignobles ; dont lés pro- duits ne redoutent aucune concurrence sur les marchés de l'Europe et ont une supériorité qui ne peut leur être ravie, ce qui paraît d’abord important à résoudre, c'est la question de savoir si l impôt qui les accable ne péut pas avoir une assiette différente, si le système de douanes en vigueur aujourd'hui n’a pas à subir des modifications essentielles, Quant à la pratique de la culture adoptée pour la vigne, il y a incontestablement des améliorations à faire, et l'on peut së demander encore s'il est rationnel et avan- tageux deïla conserver dans toutes les D où elle est adoptée, …
V’ergers. Nos; ones: sous cette ie
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nationles cultures en grand de quelques-uns de nos arbres fruitiers, tels que poiriers , pommiers, ceri- siers , etc. Cette partie de l'agriculture mérite aussi une attention particulière, et présente quelques questions qui ne sont pas sans importance. Par exemple, dans quels cas l'établissement de pareils vergers est profitable; quelles sont les récoltes qu'on peut simultanément obtenir sur le sol qu'ils occu- pent; sil y a avantage à y laisser paître des animaux domestiques, et quelles sont les ner ne” pensables dans cette circonstance? : |
ft aux questions qui Mlrement l'agriculture en arr elles se présentent en foule;
° La nécessité d'un eode rural se fait sentir Éd jour davantage; la législation actuelle est gêénante; elle se compose d’un si grand nombre de lois, qu’elle se contredit à tout instant, et le code civil, ouvrage immortel d'hommes étrangers àlagri- culture, est impuissant pour remédier à ces graves inconvéniens. Espérons que le gouyerñement, enfin éclairé sur les vrais intérêts de l'État, s’occupera de soumettre aux chambres un eode quimette en har- monie avec les besoins actuels des agriculteurs et la libre circulation de Jeurs-produits, la législation informe qui 1 pèse encore de tout son poids sur cette branche si importante de la prospérité publique.
2° La promulgation d'un code rural n’affrañéhi- rait pas le gouvernement de toute intérvention. H lui resterait encore de nobles fotictions à remplir, parmi lesquelles nous. signalerons l'ouverture: de débouchés. à l'intérieur et à l'extérieur : dans le premier cas, par des canaux et des routes qui-éta- blissent des communications faciles, ee qui est su
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tout d’une nécessité absolue pour plusieurs dépar- temens du centre; dans le second cas, en amendant par des traités ce système prohibitif de douanes qui ferme l'exportation à plusieurs de nos produits importans.
3° Enfin la plus grande faveur doit être accordée aux fabriques qui s’occuperont de mettre en œuvre les produits nouveaux de l’agriculture; car disons- le tout haut, l'industrie agricole est loin d’être ce qu’elle devrait; l'exemple de la betterave, les res- sources que l’on a su tirer de la pomme de terre, sont certes de gr2 encouragemens propres à inspirer aux Cultivateurs des essais sur d’autres vé- gétaux, dont quelques-uns recèlent peut-être une mine féconde de richesses.
Nous pourrions augmenter de beaucoup celte série de points indécis sur l'agriculture; mais en est assez pour faire connaître à nos lecteurs les faits les plus saillans.
Passons à l’horticulture.
Considéré sous un point de vue DeuéEs: on peut dire que cet art a atteint en France un assez haut point de perfection. Mais son domaine est si vaste que la supériorité dans toutes ses branches n'est le partage que d'un-très-petit nombre de praticiens , ou, pour mieux dire, on trouverait difficilement un seul homme qui excellât dans la pratique de chacune de ces parties.
Toutes les subdivisions de l’horticulture offrent un grand intérêt. Cet intérêt est autant excité paf la satisfaction que procurent les découvertes de cette science, que par les produits utiles qui résultent de ses travaux. — sur-ce dernier point, qu'on ne
a à CR EUR ii ni
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La
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s'abuse pas; la masse de substances végétales ali- mentaires fournies par les jardiniers cultivateurs est considérable, et dans une ville comme Paris ce genre d'industrie agricole fait un immense mouve- ment d'argent. Ainsi, sous les rapports de l’utile et de l’agréable, l'horticulture joue un rôle important
_et mérite une haute considération.
Au surplus, nous ne chercherons pas à établir de parallèle entre l'agriculture ponts dite et le jardinage; il ne nous app cette question ; et d’ailleurs quelle est la limite qui les sépare ? c'est cependant ce qu'il faudrait savoir d’a- bord. Examinons donc si, malgré l'avancement de cette branche de l'agronomie, il n'existe pas encore des points sur lesquels les progrès sont possibles et à espérer.
Les jardins se divisent en jardins potagers , frui- tiers, de botanique et d'agrément.
Jardins potagers. On peut dire que chez nous la culture des plantes potagères est portée à un point assez haut de perfection, et l'industrie de nos maraîchers laisse peu de choses à désirer. Toute- fois , il n’en est pas de même à l'égard des primeurs, quoique depuis quelques années il y ait eu en ce genre assez de progrès pour que tout le monde ait pu s'en apercevoir. Ainsi nous demanderons si les moyens employés jusqu'ici, et par un petit nombre de jardiniers et d'amateurs , pour obtenir des pri- meurs, sont les plus sivégles et les plus é économi- ques ? Ensuite nous dirons qu'il ne serait pas moins avantageux de retarder l'époque de la récolte de certaines de ces plantes pour en jouir après la sai- son où elles donnent ordinairement. Ces deux ques-
14 tions, comme on le voit, ouvrent un vaste champ aux chaine utiles.
Jardins fruitiers. Cette branche de l'horticul- ture n’est pas celle qui laisse le moins de progrès à espérer. La plantation, le gouvernement des ar- bres , la pratique de la greffe et de la taille, présen- tent une foule de questions intéressantes, et dont la solution est importante, surtout pour les jeunes praticiens, qui flottent entre des conseils opposés, publiés par des auteurs dont la réputation rend l'erreur plus difficile à reconnaître. La formation et l'entretien despépinières pour ces sortes d'arbres offrent aussi beaucoup de choses guise et qui sont du plus grand intérêt.
Jardins de botanique. C'est ici que le np des découvertes et des observations s'agrandit à l'infini; s'ils sont destinés à réunir des collections, ils sont loin d’être au complet; et si on les consacre à la na- turalisation des végétaux exotiques , 1l ne reste pas moins de conquêtes à faire.
C’est ici encore que se présentent toutes les ques- tions relatives aux serres, aux bâches et à toutes les construetions de conservation, et surtout aux moyens les plus économiques pour l'entretien de la chaleur, pomt sur lequel il y a beaucoup à dire et encore plus à expérimenter , et dont les renseï- gnemens trouveront autant d'applications utiles à la Culture des primeurs.
Jardins d'agrément. V D cdereht de ces sor- tes de jardins, indépendamment des connaissanees de culture qu'ils supposent, en exige aussi beau- coup en végétaux ; afin de pouvéir ehoisir-ceux qui conviennent le mieux aux circonstances données.
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Sur ee point les lacunes sont grandes , et beaucoup de personnes qui se chargent exclusivement de ce genre de jardins, négligent d'y admettre, fante de les connaître , une foule de plantes d’un effet char- mant.
Quoique, pour passer en revue l'horticulture , nous l’ayons divisée comme nous venons de le faire, nous ne prétendons pas à l'exactitude de cette clas- sification. Elle n'a d'autre but que de nous avoir permis de borne à plus clairement analyse des
faits. sur os il l'est nécessaire d'obtenir des
Déat à F Matin principale qui domine toute l'horticulture , elle est entièrement dans les progrès de la phystologie végétale. Nous devons déjà un fort tribut de reconnaissance aux savans qui se sont occupés de cette science. Espérons qu'ils la fixeront un jour, et surtout qu'ils la réduiront à son expres- sion la plus simple pour qu’elle devienne accessible au grand nombre de cultivateurs. Toutefois, un obs- tacle nous paraît devoir retarder encore la marche progressive de cette science ; é’est que les savans qui y consacrent leurs veilles négligent peut-être tr op l'étude des faits naturels en ne s'occupant pas sou- vent depratique ; tandis que les cultivateurs € qui lèvent un coin du voile dont la nature couvre ses opérations, ne peuvent l'arracher entièrement, faute d'être suffisamment versés dans } étude des sciences physiques. Le devoir de ces derniers est donc de publier tous ns dont ils sont témoins : messieurs les savans , t les He dé manuels , voudront - ils Soie des faits ke leu seront ainsi communiqués ?
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Nous avons voulu réunir en un faisceau toutes nos idées sur les besoins actuels de l'agriculture ; faute d'espace, nous n'avons pu leur donner le dé- veloppement dont elles sont susceptibles. Toutefois cet examen rapide suflira pour faire connaître à nos . lecteurs l’ensemble des faits qui feront l’objet de ce journal, et aux personnes qui voudront bien nous faire l’honneur de correspondre avec nous, la nature des renseignemens qu'il nous serait agréable de re- cevoir d'elles.
Ce journal, destiné au perfectionnement de l'agro- nomie , n'est voué à aucun système particulier; a vérité est tout ce qu 1e; et il l'accueillera avec vénération de Riu part e lui vi |
Dovercr.
PRINCIPES GÉNÉRAUX D'AGRONOMIE. AMENDEMENS ET ENGRAIS. 4 vases de fossés de marais et d’étangs.
La vase des fossés, des marais et des étangs, offre
à l'agriculture des ressources qui ne sont pas à dédaigner, et que l'on peut utiliser particulière- ment sur les sols légers. Cette vase, composée prin- cipalement d'une matière terreuse, divisée très-fin, et dans laquelle abondent l'alumine et le carbonate calcaire, contient en outre des détritus végétaux qui sont à dépouille d'une infimité de plantes aqua- tiques et une assez grande quantité de carboñe n particules atténuées, isolé des autres élémens des végétaux par suite des décompositions pré— cédentes, et disséminé dans toute sa masse. Cette
- circonstance de la présence d’une quantité consi- dérable de détritus végétaux et de carbone extrè- mement divisé, explique l'action de la vase, comme engrais, dans les divers sols; tandis que ses pro- priétés , comme amendement , dans les sols légers,
_ ont leur cause dans la présence de l’alumine et de la
matière terreuse divisée très-fin.
En examinant ce qui se pratique dans la culture, relativement à l'emploi de cette substance, on est étonné de l'usage qui s’est introduit de la laisser Lo S autant que lon n'éprouve pas plus de di lemployer lorsqu'elle est fraîche; et l’on se ee tellement porté à téthercher pour quels motifs on a pu commencer à établir un pareil mode. Lorsque la vase fraîche est déposée sur un sol glaiseux , on remarque que, loin de produire sur-le-champ quelques bons effets, elle augmente momentanément le vice du sol, et que c’est seulement plus tard que la matière charbonneuse qu’elle con- tient commence à fournir aux végétaux des sucs nutritifs. Plus le sol est froid et humide, plus ce premier effet devient saillant; et c’est pour cela que l’on regarde. l'emploi de la vase à l’état frais commé mwusible dans de certains cas. Cette remar- que, néanmoins, n’a pas fait renoncer à son usage, parce que, dans d autres cas, on s’est apercu d’une manière trop sensible de son influence favorable; et l'on s'est borné à la faire fermenter , parce que lon a vu qu'après la fermentation son emploi n’était nuisible sur aueun: sol.
Toutes les fois que la vase est grasie et comme huileuse, et que le sol sur lequel on se propose de la répandre est glaiseux et froid, l'expérience té
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raît avoir démontré qu'on fait bien de la laisser fermenter; mais 1l n'en est pas de même sur les sols légers, où la matière grasse et visqueuse qui l'accompagne ne tarde pas à se décomposer en en- tier, après avoir produit un effet utile en en hant et humectant les parties. Cette substance grasse, qui se produit spontanément dans des circonstances données , est une sorte de mucus huileux dont la formation est très-curieuse , et qui, tenant le mi- heu entre la matière inorganique et la matière organisée, nous paraît propre à donner une idée de la manière dont les corps organisés peuvent
ommencer. Elle se forme dans l’eau , quand ce liquide tient en dissolution un peu de : dt e, ou plutôt quand des décompositions Réyétales ont lieu dans son sein, et quil se dégage de l'hydrogène carboné, dont une partie entre en combinaison avec l’eau. Cette combinaison apparaît à la surface sous forme d’une pellicule grasse et irisée, et elle acquiert un nouveau degré de ressemblance avec le mueus animal où végétal, par l'absorption d’une certaine quantité d’oxigène. Cest cette matière, abondante dans la vase, qui empêche cette subs- tance d'agir d'abord avec efficacité sur les sols glaiseux, tandis qu’elle ajoute à son action sur les sols de sables. Dès-lors, il ne doit pas paraître étonnant que l'usage de faire fermenter la vase se soit établi; mais nous conseillons de ne jamais s’asshjettir à cette pratique quand il Sagira d’em= ployer cette substance sur des terrains légers Au reste, les sols qui retirent le plus d'avantages d'un parait engrais, sont ceux où des particules dures et cohérentes se trouvent en preportion trop considé-
PL M Ve
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13 rable. La vase exerce en effet, dans cette occasion, l'influence la plus salutaire comme amendement , à cause des molécules extrêmement atténuées dont elle est presque entièrement composée, et qui sont propres à convertir un sol aride en un sol frais et liant, susceptible d’absorber et de conserver l'hu- midité nécessaire aux plantes. . MarTIN. MERE SE M A ro
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RENOUÉE, Où POLYGONE À FLEURS EN CIMES. Po/ygo- RU. CYMOSUM: Horr. Par. Octandrie trigynie, Lin. Polygonées , Jussieu. Du Népaule ?
Tige droite, peu rameuse, s'élevant à sept ou huit pieds ; stinnles engaînantes ; feuilles glabres, bastées , aigues ; les radicales longues de cinq à six pouces ; fleurs blanches en cimes, paniculées , por- tées chacune par un pédoncule Pa a nu , axil- laire , allongé et droit; huit étamines à Phones Pourpres globuleuses ; trois Styles , terminés cha- cun par un stigmate simple; capsule triangulaire, graines lisses et de même forme.
Cette plante vivace, et d’une végétation très- vigoureuse , est encore peu connue, Elle. paraît devoir être d’une grande ressource, comme four- rage, pour la nourriture dés oct Comme plante alimentaire pour Jes hommes, elle ne pré- sente aucun avantage, parce que A graines mû- rissent successivement , et que la r éolte serait fort,
difficile à faire.
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Mais, ce qui doit la recommander principale- ment aux agriculteurs, c'est sa prompte végéta- tion , qui la met à même d'offrir trois récoltes de fourrages si on la coupe à propos. J'ai plusieurs fois tranché les tiges, lorsqu'elles avaient un pied ou quinze pouces, et quelques jours après elles étaient susceptibles de l'être une seconde fois , ayant produit beaucoup de ramifications. Il est bon de remarquer que cest en vert qu'elle convient le mieux aux animaux : Comme fourrage sec, j'ignore s'ils la mangeraient ; car ils refusent en général la paille de sarrazin.
Ainsi que ce dernier, elle croît dans tous les ter- rains, et mieux dans les sols humides. Ses racines, étant assez fortes , se plairaient dans les terres un peu profondes, où l’on obtiendrait des récoltes pré- ciéuses.
Introduite en France depuis 1828, elle n’a point encore été cultivée en grand ; je conseillerai done à messieurs les marchands de graines de la multi- plier, afin de pouvoir la répandre dans les départe- mens, où probablement l'agriculture en tirera un parti avantageux. PEpix.
Bois et forêts.
Les annales de Flore et de Pomone ayant pour but de signaler les erreurs qui se commettent dans tous les genres de culture, je vais consigner ici quelques observations relatives à l’état de dépérissements et de dévastation où se trouvent les bois-forêts de plusieurs cantons des environs. Il n’est pas rare, pour peu qu'on parcoure les bois de Meudon à Versailles, de rencon- trer des lacunes d’une assez grande Éténdue , où il
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n'existe qu lq bres cà et la et quelques buis-
sons,et, Ebose Lionnants, c'est qu ’ilne paraît pas qu'on pense à employer aucun moyen pour remplir ces vi- des. Mais quelle peut être la cause de la destruction d'aussi grandes parties de bois? Elle est facile à trouver ; il est bien évident que, dans les hivers ri- goureux, les souches des arbres abattus avant et pendant les fortes gelées souffrent beaucoup si elles ne meurent pas entièrement, et les cépées qui résistent ne repoussent souvent que la seconde année. Il est tout naturel que leur tronc, ordi- nairement abrité par les hautes branches de tout le voisinage et recouvert souvent de mousse de feuilles et de leur terreau , se trouvant tout à coup exposé à l'air libre et à une gelée rigoureuse, éprouve un dépérissement total ou partiel, de manière que beaucoup de cépées ne repoussent que d’un seul côté. Le mal est si grand, que cette année l'adminjs- tration des domaines s’est décidée à faire arracher une énorme quantité de souches dans les ventes exploitées en 1830 et années antérieures. Il est afli- geant de voir une destruction aussi considérable, car
de bois qui souffrent le plus de la gelée, le chêne et le châtaignier; ét c'est ainsi que peu à peu les bonnes essences de bois disparaissent et sont rem- placées insensiblement par d’autres de. moindre valeur, qui s’établissent sur le terrain. Nous vivons peu et la destruction s opère, pour ainsi dire, sans que nous nous en apercevions ; mais les générations futures pourraient bien en souffrir, si à l'avenir on n'y portait une sérieuse attention.
Je ne prétends pas émettre d'opinion, mais. je.
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dirai que peut-être il serait convenable, pour éviter un aussi grand malheur, d'insérer au cahier des charges, lors de la vente ou adjudication des bois, un article qui défendit de commencer à abattre avant que les fortes gelées soient passées; les pro- priétaires y gagneraient et les acquéreurs n'y per- draient rien.
Pour remplir les vides qui résultent de la des- truction des souches, onemploie, àmon avis , un bien faible moyen; c’est de mettre à la place deux ou trois mauvais plants de bouleau, saule marsaut, peuplier tremble ,-ete. Mais 1l y aura toujours assez de ces sortes de végétaux ; d'ailleurs ces malheureux plants ne peuvent réussir, étant de suite étouflés p: herbes qui croissent promptement autour d'eux. Le meilleur procédé pour regarnir les lacunes, serait de préparer la terre convenablement et replanter, ou mieux, semer les espèces opposées à celles qui existaient sur le terrain ; maïs pour qu'une opéra- tion de ce genre réussisse , 1l faut qu'elle soit suivie, c'est-à-dire que lon lui donne les soins nécessaires. On a quelquefois essayé de planter quelques clai- mères ou des parties qui sont adjacentes aux do- mines du roi; la terre est cependant de bonne qualité, mais tout cela est languissant, et iln’en peut être autrement.
Ces sortes de plantations ioiésies au moins deux binages par été, exécutés par un beau temps ; “en n'en donne qu un Le ou pas du tout , et encore, -Cestvers le mois de septembre, Lrsqur les graines des plantes sont tombées pour la plupart. Toutes ces
semen enterrées souvent parun temps
humide, et elles multiplient d'autant plus que la
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terre réste un an sans être touchée. D'ailleurs toutes ces parties de plantations ne sont composées qu'avec du bouleau, quoique les espèces, comme châtai- gnier, hêtre, frêne, chêne, eussent été bien préfé- rables. C’est chose étonnante, que si près de la cité de l'univers, point central des sciences et des arts, il se trouve une aussi grande quantité de terre presque dégarnie de végétaux. |
Quelques personnes riches et grands proprié- taires se sont dégoûtées des plantations , parce que les progrès ne répondaient pas à leur attente. Mais en général, en fait d'agriculture et surtout de se- mences ou plantations de bois-forêts, 1l faut un peu de persévérance. En opérant par de bons prin- cipes, C'est-à-dire en préparant convenablement la terre et plantant ou semant de bonne heure, on est presque toujours sûr de réussir, même dans Île terrain le plus aride. Je suppose qu'on veuille éta- blir un bois de chènes; si l'on sème au mois d’oc- tobre, on ne sera pas surpris qu'en mars les glands auront déjà des racines ou pivots d’un pied de lon- gueur, tandis que si lon ne sème qu'en mars, on court la chance d’être surpris par la sécheresse, et, par conséquent, de ne pas réussir. Dans le premier cas, les plants auront déjà la force de se défendre; car quoiqu ils n acquièrent souvent la première année qu'une tige de six à douze pouces, il n'en est pas moins vrai qu'ils ont déjà une racine principale ou pivotante de dix-huit pouces à deux pieds. Mais le plus souvent on commence à préparer le terrain. à l'époque où l'on devrait planter; les gelées arrivent ; le printemps ensuite; les graines ont souvent perdw une grande partie de leur vertu germinative; vien
24 nent enfin les hâles, et l'opération est en partie man- quée avant d'être exécutée. Au contraire , une terre préparée en éte recoit les influences du soleil et des pluies , s'améliore, s'ameublit; les herbes enterrées sont déjà décomposées; en un mot, elle est plus capable de recevoir les végétaux.
Nous avons une espèce d'arbre de haute futaie qui devient rare et qui est recherchée ; c’est le frêne or- dinaire ; on en plante peu. Cependant il est de ceux qui conviennent le mieux pour border les chemins, parce qu'il a l'avantage de ne pas étendre ses racines aussi Join que les ormes et les noyers ; je pense que
es personnes qui sont disposées à planter cette année , feraient bien d'en admettre dans leurs plan- tations. Duvaz, à Chaville.
HORTICULTURE. PLANTES D'AGRÉMENT.
PLEINE TERRE.
ATRAï ÉPINEUX. Atraphaxis spinosa. Lin. Hexan- drie digynie, Vas. Polygonées , Jussieu.
Ge charmant arbuste, originaire d'Orient, s'élève de trois à six pieds ; il est très-touffu. Ses jeunes rameaux ont lécorce blanche et lisse, et sont mu- nis à leur extrémité d'épines non persistantes ; feuilles petites, alternes , lancéolées , planes, glau- ques, persistantes ; de juin en septembre, fleurs blan- ches nombreuses. Après la floraison, les deux gran- des divisions du calice se teignent d’un rose vif, ce qui donne à l’arbuste, considéré à quelque dis- lance , l’'aspeet d'un buisson fleuri.
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Cet arbuste a été long-temps cultive en orange- rie; mais depuis plus de dix ans , il passe l'hiver en pleine terre sans la moindre couverture. On le mul- tiplie de graines , de boutures, et particulièrement de marcottes faites au printemps et qui reprennent facilement dans le cours de l'année. Il eroît dans tous les terrains, même sur un sol léger et calcaire. La culture des spiræa lui convient.
Jusqu'alors je ne connais aucun pépiniériste qui s'occupe de le multiplier, si ce n’est M. Cels, qui peut bientôt en offrir aux amateurs. PEPiN.
GALANE A LARGES FEUILLES. Chelone latifolia. Horrtuz.
Ce genre s'est beaucoup augmenté depuis deux à trois ans, et toutes les espèces peuvent servir à l'ornement des jardins, et surtout des plates-bandes où l’on réunit les plantes de terre de bruyère qui leur convient à toutes, et dans laquelle elles pré- sentent tout le luxe de leur végétation. Celle-ci, comme ses congénères, se multiplie d'éclat, de raci- nes et aussi de graines , qui doivent être semées aus- sitôt leur maturité.
Tiges droites, rameuses seulement au sommet, glabres, presque rondes et s’élevant de trois à cinq pieds; feuilles opposées, lancéolées, acuminées, den- tées à dents peu profondes, glabres sur les deux sur- faces; fleurs en épis serrés terminaux , disposées entre elles sur quatre rangs, assez grosses , à tube blanc et à limbe violacé. Gette plante tient le mi- lieu entre les chelone glabra et obliqua par ses fleurs moitié blanches et moitié roses, et pourrait bien
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nen être qu une variété. Elle fleurit en septembre et octobre. Jacques.
Rose NoiseTTE Lasicue. Tige pourpre, touffue, très-vigoureuse ; feuilles alternes à pétiole aiguil- lonné , formées ordinairement de sept folioles d’un vert luisant, dentelées, et dont la nervure est gar- nie inférieurement d’épines. Aiguillons gros et pointus assez nombreux.
Fleurs bien faites, pleines , d’un blanc carné , ex- “balant une odeur caractérisée de thé, d’un beau port; soutenues par un pédoncule dioer ement long, garni d’une bractée purpurine.
Cette belle rose, tas romontiite. fleurit de la fin de mai jusqu'aux fortes gelées. Elle a été gagnée par M. Toullier, lieutenant-colonel en retraite, pro- priétaire à Rueil.
Elle est peu délicate , et se plaît dans tous les ter- rains et à toute exposition. Elle convient parfaite- ment à la décoration des tonnelles et berceaux, à cause de sa croissance rapide pendant laquelle elle pousse des rameaux de six à sept pieds, et surtout par la persistance de son feuillage, qu’elle conserve long-temps. FILLIETTE.
ORANGERIE.
CazanDrinra ; Horr.Ber. et Kunr. prod. Dec. Polyan- drie-monogynie, Linnée. Portulacées , Jussreu.
Caractere générique.
Calice à à ‘deux divisions persistantes , ovales-arron- dies ; trois à eing pétales hypogynes où insérés
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sur la base du calice, libres ou connés à la base ; étamines libres insérées à la base des pétales au nombre de 4 à 60. Un style court à sommet clavi- forme eu trois parties ; capsule oblongue elliptique à une loge , s'ouvrant en trois valves et à plusieurs semences, fixées à un placenta central.
CALANDRINIE A FEUILLES DE DIVERSES COULEURS. Ca- landrinia discolor. (Voyez la planche.) Tige ou sou- che courte, émettant quelques feuilles presque radi- cales, matos rétrécies en pétiole à leur base, obtuses très-entières sur les bords, d’un vert glau- que en dessus, teintées d’un violet pourpre en des- sous, surtout les radicales, fermes et épaisses, de 4 à G pouces de long et de 15 à 30 lignes de large ; tiges florales sortant du sommet des souches , cylin- driques , ordinairement simples, d’un vert violacé surtout à la base, hautes de o à 24 pouces, pen- dantes au sommet. Au moment de la floraison, la tige se redresse jusqu'au pédoncule qui va donner sa fleur ; les pédoncules sont à peu près horizon- taux et présentent la fleur presque de face ; ils sont irrégulièrement alternes , longs de 12 à 18 lignes, munis à la base de deux petites bractées, dont l’une leur est opposée, un peu renflés au sommet. Ca- lice à deux divisionsconcaves, ovales-obtuses, d'un vert glauque irrégulièrement ponctué de brun. Corolle de cinq pétales plus ou moins bien ouverts, arrondis, légèrement crénelés et échancrés au sommet, d'un beau pourpre violet; étamines au nombre de 50 à 60; filets plus de moitié moins longs que les pétales, d'un beau violet à anthères jaunes ; style long d'environ 3 lignes terminé par un stigmate épais à trois lobes ; ovaire lég